Avec l’énorme trafic que reçoit chaque jour le réseau social Facebook, pourquoi s’embêter à créer aujourd’hui un site web ? Plus largement, pourquoi s’embêter à avoir son propre site web alors que différents outils dédiés proposent gratuitement ou presque tout ce qu’il faut pour obtenir une belle visibilité ?
Si les internautes sont sur Facebook, pourquoi ne pas tout simplement les rejoindre et réaliser prospection, animation et vente ? On y trouve tous les outils nécessaires : de quoi créer et valoriser son offre avec les pages, de quoi vendre avec les outils de catalogue et la marketplace, de quoi faire découvrir ses produits et services avec sa régie publicitaire, de quoi entretenir le lien avec son public cible avec les outils de messagerie intégré…
On peut aussi étendre cette réflexion à d’autres mastodontes :
- Google propose un écosystème complet avec Google My Business permettant la création gratuite et très rapide de site web mobile + messagerie intégrée + publication d’informations + catalogue + liaison avec outils de stocks + régie publicitaire…
- LinkedIn met à disposition son réseau social couplé avec les pages entreprises, sa régie publicitaire, des outils de prospection et une messagerie…
Moins puissants mais ciblant plus spécifiquement un type de public, les plateformes pour indépendants et TPE mettent en avant elles aussi une approche tout en un visant à simplifier la présence en ligne. C’est le cas du réseau Malt qui propose la création de fiches pour chaque personne avec compétences, projets réalisés, avis, tarifs et disponibilités. Il n’y a pas la partie prospection mais la plateforme se charge de rendre visible les profils.
Il en est de même des plateformes de vente en ligne tout en un qui promettent visibilité, trafic et prospects à la recherche du produit parfait au juste prix. Amazon, Ebay, LeBonCoin, Etsy… permettent tous de vendre sans avoir son propre site web.
Idem pour Mailchimp, qui après avoir fait le tour des possibilités offertes par l’email marketing propose désormais un offre tout-en-un avec nom de domaine, site web, landing pages et campagnes publicitaires.
Pour celles et ceux qui ont la plume facile, Medium ou WordPress.com ne demandent aucun effort ni paramétrage complexe : la création de compte se fait simplement et en l’espace de quelques minutes il est possible d’avoir sa propre page en ligne et de bénéficier de la visibilité de l’outil.
Externaliser, déléguer : oui mais pas tout
Malgré leur intérêt et les propositions des outils ci-dessus, il ne faut pas se laisser convaincre par toutes leurs offres et bien avoir conscience que quand c’est gratuit (ou très peu cher), le produit… c’est nous.
- Derrière tous ces outils, il y a des sociétés privées dont l’intérêt n’est pas le même que le votre. S’ils mettent à disposition des outils qui simplifient la vie, c’est qu’ils ont une idée derrière la tête : gagner de l’argent (évidemment) mais pas seulement : augmenter leur base utilisateur, maximiser leur visibilité, rassurer les actionnaires… Les objectifs de ces plateformes sont-ils les mêmes que les votre ? Certainement pas.
- Toutes ces fonctionnalités ne seront utilisables que le temps que les entreprises qui les mettent à disposition décideront de les rendre utilisables. Les outils peuvent évoluer, être arrêtés, devenir payants, changer de business-model et de modèle de tarification, être monétisés par de la publicité. Et vous n’avez pas votre mot à dire parce que vous n’êtes pas chez vous.
- Comme vous ne maîtrisez pas les caractéristiques ni les évolutions, vous les subissez. Si l’outil choisi a décidé que désormais toutes les pages n’auraient plus de barre latérale, vous devez vous y conformer. Si l’outil choisi a décidé que pour être visible depuis leur plateforme, la publicité ne permettra pas de différencier les internautes déjà venus sur votre page (remarketing) de ceux qui ne vous connaissent pas du tout (acquisition pure), vous devrez vous en contenter. Si l’outil a décidé que les catalogues produits n’utiliserait que 2 filtres (catégorie et marque par exemple) alors que vous auriez souhaité des filtres par catégorie, il faudra faire sans. Si la mise en page passe par l’utilisation de pseudo-code et que dans la version à venir tout est remplacé par un « builder » pour créer des colonnes et insérer des éléments multimédia, il faudra repasser sur toutes les pages pour adapter avant la date butoir.
- Le public est-il le bon ? Si aujourd’hui Facebook (ou n’importe quelle autre plateforme) semble être le lieu idéal parce que vos prospects sont là, en sera-t-il de même dans 2 ou 5 ans ? Au bout de quelques mois d’efforts, si vous vous rendez compte que le trafic apporté par la plateforme ne convertit pas si bien que cela, qu’allez-vous faire ? Tout recommencer sur une autre plateforme ?
Construire des fondations solides
Pour bâtir quelque chose de solide en ligne, il faut se baser sur des fondations qui tiennent la route et qui vous laissent la liberté d’évoluer quand vous le souhaitez que ce soit dans 2 mois ou dans 10 ans :
- un nom de domaine vous appartenant (réservé par vous même ou délégué à votre prestataire informatique mais toujours à votre nom) ;
- un hébergement vous appartenant (idem que ci-dessus) ;
- un outil de publication CMS (le cas échéant) qui soit maîtrisé par de nombreux professionnels afin de ne pas être verrouillé par votre prestataire. Idéalement, il faut privilégier les solutions très connues ou les outils open-source (le mélange des deux est idéal et les outils WordPress ou Prestashop sont aujourd’hui incontournables) ;
- Et parce que l’on est jamais assez prudent un système automatique de sauvegarde externalisé.
Les plateformes citées ci-dessus proposent-elles ces caractéristiques basiques ? Non et certaines en font même des arguments : « ne vous souciez plus des sauvegardes, on gère le tout », « pourquoi différencier hébergeur et registrar, une seule facture et un seul interlocuteur, c’est plus simple », « notre outil de publication fait maison est 100% sur mesure ».
Le mauvais choix de techno / plateforme ne se voit pas tout de suite. Soit vous avez besoin d’évoluer et vous vous retrouvez coincé dans un ensemble d’outils trop étriqués, soit vous êtes forcés de vous adaptez à un outil qui ne voit pas les choses comme vous. Alors bien sûr, tout n’est pas tout rose non plus lorsqu’on a son propre site web (maintenance, mises à jour, factures du prestataire toujours trop chères) mais au moins vous êtes libre de faire ce que vous voulez quand vous voulez.
Au delà des aspects techniques
- Être présent sur les médias sociaux est souvent un mal nécessaire. En plus d’avoir son propre site web ;
- Acheter des outils tiers spécialisés est mieux que de réinventer la roue et tout n’est pas à jeter avec les plateformes citées plus haut ;
- Garder le contrôle de sa communication est indispensable ;
- Investir dans un plan marketing vaut mieux que de se dépêcher à créer quelque chose que ce soit sur une plateforme dédiée ou via un site web autonome.
Au début de l’aventure, réserver un nom de domaine et y placer une simple page de présentation permet de sécuriser. Dans le même temps, faire vivre une présence sociale peut suffire.
Par la suite, à condition de vouloir obtenir des résultats, il faudra faire un peu plus d’efforts : content marketing, mise en place de tracking, acquisition de visibilité payante (SEA) et référencement naturel (SEO), création de landing pages, emailing et newsletter, personnalisation de l’expérience utilisateur, marketing automation… Au final, le site web ne vaudra que la somme des efforts et des investissements que vous avez fait.