Optimiser la pagination

En ecommerce, il est fréquent de devoir recourir à la pagination pour afficher tous les produits d’une rubrique. Les problèmes apparaissent lorsqu’il y a beaucoup de produits et qu’il faut atteindre des produits situés loin dans la pagination. Il faut alors répondre à un double besoin : faciliter la recherche par l’internaute et favoriser la découverte et l’indexation par les moteurs de recherche

Utilisateurs ou moteurs ? Les deux !

Les internautes ont besoin de pouvoir naviguer facilement entre les différents produits. Un mécanisme de navigation permettant d’accéder facilement à tous les produits est nécessaire. Ce mécanisme doit être simple, fonctionner parfaitement sur mobile et sur ordi et être doté d’options pour préciser la recherche.

Pour un outil de recherche, l’objectif est de pouvoir comprendre que tous les produits appartiennent à la même catégorie et les atteindre facilement (en faisant le moins de sauts possibles).

La solution idéale est de proposer 2 fonctionnalités :

• La première est dédiée aux internautes et n’est pas visible par le moteur : mécanisme de recherche, de filtre, de tri et de déplacement entre les pages de façon consistante, intuitive et non effrayante. On interdit le crawl de certaines pages et fonctionnalités, on obfusque les liens et on propose l’idéal en terme d’UX.
• La seconde est prévue pour les moteurs, basée sur des liens classiques et beaucoup plus simple : afficher tous les produits via des pages paginées.

Si c’est possible, les 2 sont montrées à l’internaute. Sinon, on s’arrange pour rendre peu visible la fonctionnalité de découverte de pages dédié aux moteurs.

Plus le site web est volumineux et le nombre de produits important, plus le sujet doit être réfléchi et nécessitera une implémentation spécifique.

Maintenant que le souci de la forme est réglé, passons aux contraintes de fond.

Problème d’accès et de crawl

Vous vous souvenez de la règle des 3 clics ? Ce mantra de la fin des années 90 stipulait que chaque page d’un site web devait être accessible en moins de 3 clics depuis l’accueil. Cette préconisation a mal vieilli et est beaucoup trop rigide mais il y a tout de même une très bonne idée derrière. Chaque page web doit être bien rangée et située le plus près possible des pages les plus fortes pour que les moteurs 1) la découvrent naturellement en crawlant, 2) lui donnent du poids (question de PageRank et dilution du linkjuice).

Il faudrait donc que chaque page produit, peu importe ou elle se trouve dans la pagination puisse bénéficier d’autant de visibilité et que Google puisse y accéder aussi facilement. Ce n’est pas possible mais on peut néanmoins proposer des solutions techniques pour minimiser les effets négatifs d’une page située trop loin dans l’arborescence.

Les basiques liés à la pagination

• Toutes les pages paginées doivent renvoyer le code 200 ;
• Toutes les pages paginées doivent être ouvertes au crawl et être indexables ;
• Chaque page paginée a sa propre URL canonique. L’URL canonique de la page paginée 7 est l’URL de la page 7 ;
• Chaque page paginée doit permettre d’accéder au moins à la page précédente et à la page suivante via des liens a href.

Combien de produits afficher sur une page paginée ?

Si la pagination pose problème, ne peut-on pas afficher seulement beaucoup de produit par page pour supprimer le besoin de pagination ou le réduire ? L’idée c’est d’afficher le plus de produits possible tant que :

1. Ça ne ralentit pas l’affichage de la page et que ça ne met pas à genoux le serveur ;
2. Les outils de recherche font l’effort d’aller voir tous les produits présentés sans la page.

Pour le SEO, plus il y a de liens par page, plus le référencement acquis par la page est dilué. L’équation est donc insoluble : d’une part, il faudrait le moins de pages paginées possibles et d’autre part il faudrait avoir le moins de produits par page.

Pendant longtemps, Google a demandé aux webmasters de limiter à 100 le nombre de liens présents sur leurs pages. Il a dit ensuite qu’il fallait se limiter à quelques milliers. Désormais, il ne dit plus rien du tout.

Alors, au pifomètre, se limiter à une centaine de produits par page et ajuster après tests.

Réduire la pagination en jouant sur les catégories et sous-catégories

Pour ne pas avoir de problème de pagination, il suffit de ne pas avoir de pagination. Plus facile à dire qu’à faire.

Néanmoins, si ça fait sens pour l’internaute, les produits gagnent à être rangés dans de nombreuses sous-catégories plutôt que dans une seule catégorie. L’arborescence devient plus touffue mais chaque sous-catégorie est aussi plus spécifique. On se retrouve mécaniquement avec moins de produits dans chaque sous-catégorie et donc moins de pagination.

Un autre problème surgit alors. Si les produits sont affectés aux sous-catégories, que doit-on afficher à l’internaute qui navigue dans la catégorie ? Idéalement, les produits sont rangés dans le niveau le plus profond et le plus approprié (donc en sous-catégorie) et uniquement présent à un seul endroit (en sous-catégorie mais pas dans la catégorie du niveau supérieur ni dans une autre sous-catégorie).

On peut alors remplir la catégorie avec des produits que l’on souhaite mettre temporairement en avant : meilleures ventes, nouveaux produits, opérations commerciales… La majorité des produits se retrouveront donc bien rangés dans leur sous-catégorie idéale et quelques produits seront artificiellement et temporairement exposés au niveau supérieur.

On peut aussi imaginer, si la page catégorie liste les produits de sa catégorie et de ses sous-catégories, que seule la première page de la catégorie est indexable. La pagination qui permet de voir les produits suivants peut être invisible et interdite d’accès aux robots. Ces derniers sont alors priés de passer par les sous-catégories pour voir les produits et accéder à la pagination de la sous-catégorie.

La pagination parfaite existe-t-elle ?

DIfférentes options pour les liens de pagination sur les pages de catégorie en ecommerce. On peut :

1. Afficher tous les liens de pagination : OK si moins de 20 pages de pagination. Ce chiffre 20 est arbitraire et à adapter après avoir analysé le comportement des outils de recherche via un outil d’analyse de logs.
2. Afficher uniquement les premiers liens : cette pagination montre les liens vers les pages 2, 3, 4, 5 et après affiche des … C’est très bien pour privilégier les produits les plus récents. Par contre, accéder aux pages suivantes est plus difficile et ces produits risquent d’être moins suivants crawlés et d’avoir moins de poids.
3. Afficher les premiers liens et les derniers liens : cette pagination se présente sous la forme 1, 2, 3,4 … 24, 26, 27. Ici, les derniers produits mis en ligne sont privilégiés. Les plus anciens aussi. Au détriment des produits du milieu.
4. Afficher les premiers liens, ceux du milieu et les derniers : on se retrouve avec une pagination du type 1, 2, 3, 4 … 20, 21, 22, 23 … 34, 35, 36, 37. Variante de la précédente, elle est rare.
5. Afficher dynamiquement la pagination : ici l’approche est pensée pour minimiser le nombre de bonds nécessaires pour accéder à toutes les pages de pagination. Si on a 100 pages de pagination, on pourrait imaginer afficher une page toutes les 5 ou 10 pages. La première page est toujours facile d’accès mais les pages du milieu ne sont pas trop éloignées non plus. On a alors quelque chose qui ressemble à 1, 2, 3, 4, 5 … 10 … 15 … 20 … 25 … 30 … 34. Lorsqu’on est sur la page paginée numéro 25, on se retrouve avec l’ensemble de liens suivants : 1 … 5 … 10 … 15 … 20 … 23, 24, 25, 26, 27 … 30 … 34. Les intervalles sont à calculer par rapport au nombre total de pages paginées et l’ensemble de liens de pagination est généré de façon dynamique pour s’adapter au nombre de produits. Il y a aussi des calculs à faire pour optimiser la dilution du PageRank.

Raccourcir l’arrivée jusqu’aux pages profondes de pagination

Les liens pour accéder aux différentes pages paginées ne sont pas la seule façon de faciliter l’accès des crawlers aux pages profondes. Il est tout à fait possible de faire des liens depuis ailleurs (blogs, site externe, lien temporaire sur une page puissante) pour pousser une page paginée particulière. Les fichiers sitemap.xml fonctionnent aussi.

Si les pages produits disposent d’un fil d’ariane, plutôt que de remonter la première page de la catégorie, on peut aussi remonter la page paginée ou se trouve effectivement le produit. On peut aussi imaginer une variation du fil d’ariane pour afficher par exemple un fil d’ariane tel que :

 > Accueil > Catégorie > Sous-catégorie (synonyme sous-catégorie + numéro de page) à la place du classique > Accueil > Catégorie > Sous-catégorie

Ce qui donne concrètement :

 > Accueil > Matériel > Perceuses (engins de perçage / page 4) au lieu de > Accueil > Matériel > Perceuses. Sur le lien « Perceuses », on fait le lien vers la catégorie et sur « engins de perçage / page 4 » on fait le lien vers la page paginée numéro 4 de cette catégorie. Au passage, on travaille un peu l’univers sémantique en ajoutant à la page paginée une ancre intéressante.

Évidemment, ceci n’est utile que si on a besoin de pousser les pages paginées.

Rel prev next

Google préconisait d’utiliser les éléments <link rel= »prev » /> et <link rel= »next » />. En utilisant ces éléments sur toutes les pages paginées, on lui signifiait que toutes les pages paginées devaient se comprendre comme un tout et que la pagination était seulement nécessaire pour bien organiser les produits pour l’internaute.

Google dit n’en avoir plus besoin mais les autres moteurs s’en servent encore et c’est assez facile à implémenter. À conserver donc.

Title et meta description sur les pages paginées

La première page paginée doit avoir une Title unique, riche en mots clés et donnant envie de cliquer. La meta description doit donner envie de cliquer.

• Pour les pages paginées suivantes, on peut simplement rajouter « Page x sur y » en fin de title.
• La meta description n’a pas besoin d’être modifiée sur les pages suivantes de pagination.

Un mot sur le rechargement infini / bouton « voir plus »

Quand on scroll jusqu’en bas de page, du contenu supplémentaire arrive automatiquement et la page web se complète et se densifie. On ne peut donc jamais atteindre le bas de la page. Ça peut faire sens lorsqu’il y a quelques pages mais c’est une mauvaise idée à la fois pour l’internaute et pour les outils de recherche.

Pour l’internaute, impossible d’accéder au pied de page. Impossible aussi de savoir quand les nouveaux produits vont cesser d’apparaître.

Pour les moteurs, ils ne scrollent pas vers le bas et ne sont donc exposés qu’aux premiers produits visibles à l’écran. Parfois, un lien hypertexte complète cette fonctionnalité et on accède à chaque page depuis la page précédente.

L’analyseur de logs à la rescousse

Plus le site est volumineux, plus la question de la découverte et de l’indexation des pages profondes devient importante. Un travail sur les les liens est nécessaire pour simplifier le travail des robots, les guider et ne pas leur faire perdre de budget crawl. Un outil d’analyse de logs s’avère alors indispensable pour comprendre par ou passe les moteurs. Seulement après des optimisations peuvent être proposées et implémentées.